A à Z de la capoeira

Née vers 1600, on sait peu de choses sur elle si ce n’est qu’elle vivait dans l’État du Pernambouc et qu’elle aidait les esclaves en fuite.

Lorsqu’elle rencontra Aqualtune, esclave en fuite et enceinte, elles créèrent ensemble le Quilombo dos Palmares.

Elle aurait été à la tête du quilombo jusqu’à ce que Ganga Zumba, fils d’Aqualtune, ne soit démocratiquement élu. Elle avait alors déjà un âge avancé.

Une chose est sûre, elle y jouait un rôle de conseillère pour les problèmes de la vie quotidienne mais aussi pour les questions politico-militaires. Elle était la mère de tous.

L’un des mucambo du quilombo porte son nom.

Nous avons écrit ce poème pour lui rendre hommage.

Acotirene, não vai embora !

Acotirene, não vai embora
Acotirene, não vai pra mata

Da sua vida, se sabe quase nada
Mas seu nome ficou na Memória
Mulher forte, inteligente e acolhedora
Do Mucambo foi a matriarca
Disponível, ajudava e aconselhava
Foi uma chefe de quem se gostava
No Quilombo (dos Palmares) era referência

Ficou no comando até velha
Até chegar um tal de Ganga Zumba
Para esse homem jovem, cedeu a liderança
E para não deixá-lo na sua sombra
Foi embora pra mata

Não sei por que os detalhes da sua vida
Não passaram para a história
Mas do seu nome até hoje se lembra
E isso prova que foi uma mulher extraordinária

Aonde você for hoje, tenho certeza
Que ainda tem esse cuidado com quem te procura
Modelo, inspiradora, guia até agora
Para a mulher que está na luta

Sem saber como você se parecia
Hoje demos ao seu rosto uma forma imaginária
Acotirene, por isso, te peço licença
Acotirene, por favor, continua sendo a nossa guia
Abenção : dans le milieu de la capoeira, terme utilisé pour se saluer, souhaiter de bonnes choses à l’autre personne ou bénédiction. (Au Brésil, dans certaines familles, il est courant que les enfants demandent encore la bénédiction de leurs parents chaque jour. Plutôt que de dire bonjour le matin, ils disent : « abenção meu paí » ).
Angola : un des pays d’Afrique d’où provenaient les esclaves. Ce n’était bien sûr pas le seul pays. En Angola, se pratiquait un art du combat, le Ngolo. Une fois au Brésil, l’art a évolué pour devenir la capoeira. Si le pays Angola est si souvent évoqué dans les chansons de capoeira, c’est en souvenir de la mère patrie. La capoeira dite « angola ou de angola », a certainement été qualifiée de la sorte car plus proche de l’art africain que la capoeira « regional » qui est une forme plus évoluée s’est inspirée d’autres arts.
Aqualtune : princesse africaine capturée après une défaite militaire, elle était à la tête d’une armée de 10 000 hommes. Étant d’une très grande beauté, elle fut choisie pour être « esclave reproductrice », après plusieurs grossesses, elle parvient à s’enfuir et encontre Acotirene avec laquelle elle fonde le Quilombo dos Palmares.
Aticum : synonyme de tucum. Bois extrêmement dur. A faca de tucum / le couteau de tucum est régulièrement mentionné dans la capoeira car c’est l’arme qui a permis de tuer Besouro Mangagá que personne ne réussissait à tuer dans un combat régulier.
Axé : dans son livre « Mestre Bimba, le capoeiriste au corps magique/ Mestre Bimba, corpo de mandinga » , Muniz Sodré en donne la définition suivante: « L’axé est une force qui assure l’existence et stimule le destin, permettant à l’individu de réaliser des choses sur terre ; on peut l’accumuler, le distribuer et le perdre. Pour éviter la perte et le déséquilibre, il faut rester sur le droit chemin, se montrer respectueux, obéir au précepte et garder le secret. »
Bamba : terme qui peut avoir plusieurs sens mais il est généralement utilisé dans le sens d’expert, excellent dans son domaine, courageux, qui fait face à toute situation. Terme très utilisé dans la capoeira.
Banguela (toque) : rythme de berimbau qui peut être utilisé au début d’une roda de capoeira regional ou durant un jeu afin de calmer les esprits des capoeiristes lorsque le jeu s’enflamme.
Ce rythme requiert un jeu cadencé, où les mouvements sont interrompus et transformés, tout en fluidité, en un autre mouvement. Le jeu est plus un jeu au sol requérant plus de malice.
On ne chante pas sur ce rythme.
Ce rythme a été créé par Mestre Bimba et il était beaucoup utilisé pour les élèves plus débutants afin de les inciter à libérer leur corps et à intégrer la malice. Il était aussi utilisé pour les entrainements avec les couteaux.

Ce rythme est aussi appelé angola dobrada, nom davantage utilisé dans la capoeira angola.

À ne pas confondre avec le rythme « benguela » .
Les Bantous: vaste groupe linguistique couvrant une grande partie de l’Afrique centrale et australe. La plupart des esclaves capturés en Angola et au Congo appartenaient à cette ethnie.
Parmi les diverses langues qu’ils parlaient, le kimbundo et le kikongo ont laissé de nombreuses traces dans la langue brésilienne actuelle.
Benguela: district et ville d’Angola situé le long de la côte Atlantique. Il s’agit d’un port dont provenaient de nombreux esclaves bantous qui débarquèrent à Rio de Janeiro.
Benguela (toque) : rythme développé par Mestre Camisa pour un jeu au sol, différent du jeu d’angola car pratiqué par des capoeiristes provenant de la capoeira regional.
Les chants sont de types quadras et racontent une histoire (par opposition aux corridos).
Besouro (Besouro Mangagá – Besouro Preto – Besouro Cordão de Ouro): célèbre capoeiriste né à Santo Amaro en 1885 et mort en 1924. Il a appris la capoeira avec Mestre Alípio. Il est considéré comme un très grand capoeiriste. Son nom Besouro/Scarabée vient de la légende qui raconte qu’il se transformait en scarabée lorsque ses adversaires devenaient trop nombreux : il pouvait ainsi s’échapper en s’envolant.

Il avait le « corpo fechado », c’est-à-dire qu’à la suite d’un rituel vaudou il était considéré comme ayant le corps « fermé à la mort ». Selon cette croyance il ne pouvait plus être tué par des balles ni une arme blanche.

C’était um grand travailleur mais il était souvent impliqué dans des disputes et des bagarres. Un jour son maître en ayant assez l’a envoyé porter um message dans la fazenda voisine de Maracangalha. Ce message demandait de tuer le porteur du message. Il ne savait pas lire… On lui a demandé de rester dormir sur place en attendant la réponse et il fut poignardé pendant la nuit avec une « faca de tucum », couteau en bois ayant des vertus magiques seules capables d’outrepasser la protection rituelle offerte par le corpo fechado.

Son nom, ainsi que celui de Maracangalha, est mentionné dans nombres de chansons de capoeira.

On l’appelait aussi Besouro Cordão de Ouro parce qu’il aimait à porter une chaîne en or au cou.
Mestre Bimba, Manuel dos Reis Machado, né le 23 novembre 1899 dans le bairro do Engenho velho (quartier du Vieux Moulin) à Salvador (Bahia) au Brésil, et mort le 5 février 1974 à Goiânia (Goiás, Brésil), est considéré comme le père de la « capoeira régionale ».

Mestre Bimba et la pratique de la capoeira :
Bimba a commencé son apprentissage dans l’art de la capoeira à l’âge de 12 ans avec un fils d’Africains nommé Bentinho. A 18 ans, il comment à enseigner. À l’époque, on s’entrainait au coin d’une rue, aux portes des entrepôts, ou même au milieu de la brousse.

Bimba était un combattant renommé et redouté.

Considérant que la capoeira de l’époque était inefficace et très folklorique et il décide de développer un style de capoeira plus efficace, s’appuyant sur la vieille « batuque » (que pratiquait son père), ajoutant sa propre créativité, et introduisant des mouvements qu’il juge nécessaires pour que la capoeira soit plus efficace.

Dans les années 1930, Getúlio Vargas prend le pouvoir et, recherchant le soutien populaire de sa politique, il autorise notamment la pratique (surveillée) de la capoeira: uniquement à l’intérieur et avec une autorisation de la police. Mestre Bimba décide d’ouvrir la première « académie » de capoeira.

En 1949 Mestre Bimba fait avec ses élèves une présentation devant le président Getúlio Vargas, qui déclare la capoeira « seul sport véritablement national ».

Ce qui distingue Mestre Bimba des autres capoeiristes de son époque, c’est qu’il a été le premier à développer un système éducatif et à enseigner en intérieur. Il a ainsi créé des séquences encore utilisées aujourd’hui dans certaines académies.

Il a également créé le baptême et un système de graduation par foulard (le foulard en soie protège contre la lame du rasoir).

En 1973, à l’instigation d’un de ses élèves, il part s’installer à Goiânia mais, malheureusement il n’y trouvera que la misère et mourra dans le dénuement le plus total moins d’un an plus tard.

Pour de plus amples informations : Mestre Bimba

Aujourd’hui, la capoeira se divise en trois grandes tendances : la capoeira angola, la capoeira régionale et la capoeira contemporaine que nous pratiquons. Elle se base sur l’enseignement de Mestre Bimba mais continue à évoluer.
Café : Les grandes plantations de cannes à sucre et de café nécessitaient une main-d’œuvre importante. De très nombreux esclaves y menaient une vie très rude, ils recevaient peu à manger, étaient brutalisés au moindre prétexte et leur espérance de vie n’était que de 7 ans (alors qu’ils s’agissait au départ d’hommes jeunes et forts, les plus faibles ayant péri durant le voyage).
Les allusions à la culture de la canne à sucre et du café sont très nombreuses dans les chansons de capoeira.
Caíçara (Mestre) : grand capoeiriste né en 1924 dans le Recôncavo baiano, un lieu de secrets, mystères et magie, et décédé en 1997.
En 1938, il commença à pratiquer la capoeira avec Mestre Aberrê et il se perfectionna auprès de Mestre Waldemar, notamment pour le chant et le berimbau.

Il s’agit d’un personnage très polémique dans l’histoire de la capoeira. Il a parcouru Bahia en tous sens et au total, il portait 27 cicatrices dues à des balles, coup de sabres, d’épées, de poignards et autres. Et il aimait à les montrer.
Il fut bien entendu arrêté à de nombreuses reprises mais en même temps bon nombres de policiers avaient peur de lui.

Un jour, il se rendit dans un événement de Mestre Bimba et il s’installa dans le public.
À la fin de l’événement, ils jouèrent ensemble et Mestre Bimba lui donna une benção qui lui fendit les lèvres et cassa le nez.
Lorsqu’il demanda à Mestre Bimba « Mais c’est quoi ça ? »
Mestre Bimba lui répondit: « Ca, c’est mon pied, fiston ».
Capataz ou feitor: le contremaître était un travailleur libre et rémunéré qui gérait l’exploitation agricole et supervisait le travail des esclaves dans les plantations afin d’obtenir une efficacité maximale et d’éviter les fugues.
Capitão do mato : homme libre et pauvre qui était chargé de pourchasser les esclaves en fuite et de les ramener à ses maîtres contre rétribution.
Au milieu du XVIIe siècle, notamment sous l’influence du succès du Quilombo dos Palmarès et des nombreuses fugues d’esclave, la fonction devient fixe au sein des grandes exploitations qui comptent de très nombreux esclaves. Ils étaient indispensables et en même temps très mal vus et tout le monde s’en méfiait.
Capoeira : le terme capoeira désigne aussi bien la capoeira que le ou la capoeiriste.
Corpo fechado : grâce à un rituel de sorcellerie secret traditionnel, les personnes pouvaient obtenir un « corps fermé » qui les rendait invulnérables, à l’épreuve des balles, des sabres, des coups d’animaux, etc.
Corrente : chaîne avec laquelle on attachait les esclaves entre eux ou pour les entraver.
Chicote : fouet.
Dendê : fruit du palmier qui donne une huile « azeite de dendê » utilisée dans la cuisine mais aussi comme produit cosmétique.
L’huile de palme est indispensable à la cuisine afro-brésilienne.
Le fruit est l’aliment fétiche de l’orixá Ifã dans les candomblés de Bahia et sert à démêler l’avenir.
Il est associé à des plats goutus, de la bonne chère et, dans la capoeira, à une énergie forte, à une grande dynamique.
Dans la roda, lorsque le chanteur invoque le dendê, cela veut dire que l’énergie de la roda est trop faible.
Dunga (Grão Mestre): né à Santana dans l’État de Bahia le 5 juin 1951. Grand capoeiriste (de rue) très célèbre dans la région de Belo Horizonte (où il habite actuellement). Fait beaucoup pour maintenir la culture afro-brésilienne et est très respecté. Il est également un grand chanteur.
Auteur notamment de « Foi na praça sete que a policia me parou,… »
L’esclavage au Brésil
Le Brésil fut découvert en 1500 par le Portugais Pedro Alvarez Cabral. Il fut rapidement envahi par les Portugais. Malgré la loi qui était censée les protéger, les Indiens vaincus furent réduits à la condition d’esclaves dans de grandes exploitations sucrières où ils ne s’adaptèrent pas au travail sédentaire : ils ne songeaient qu’à fuir pour revenir attaquer les maîtres qui les avaient maltraités ou ils préféraient tout simplement se laisser mourir au travail. Pour développer le Brésil et pour suppléer le manque de capital humain les Portugais décident alors d’amener massivement des noirs achetés sur les côtes d’Afrique. La traite des noirs devient systématique à partir de 1550.

Au total, entre le XVIe siècle et 1850, date de l’abolition officielle du trafic, trois millions et demi d’esclaves sont amenés d’Afrique au Brésil, soit 30% du nombre d’esclaves vendus dans toutes les colonies d’Amérique.

Les noirs étaient entassés dans bateaux négriers contenant jusqu’à cinq cent esclaves. La traversée durait de quatre à six semaines dans des conditions effrayantes : beaucoup mouraient à bord, presque tous étaient malades. À l’arrivée, les négriers les livraient à des commerçants qui soignaient leur « marchandise » avant de la revendre à de grands propriétaires.

Aux XVIe et XVIIe siècles, l’exploitation tournait avec une plus ou moins grande intensité autour de la canne à sucre. Le point d’appui économique de l’aristocratie se déplaça de la canne à sucre à l’or puis au café, mais le même instrument d’exploitation se maintint à savoir : le bras esclave.

Diverses vagues d’Africains se succédèrent au Brésil. Au XVIe siècle, après les Guinéens, les Portugais préférèrent les Soudanais d’Afrique occidentale, grands et éleveurs ce qui leurs permit de travailler dans les plantations de canne à sucre, mais ils étaient aussi assez rebelles. Puis au XVIIe siècle, avec l’expansion des mines d’or, ils se tournèrent vers l’Afrique Centrale et équatoriale, et importèrent des Bantous, plus petits que leurs prédécesseurs, animistes et sédentaires, donc plus soumis. Au XVIIIe siècle, ce fut le tour des Minas d’Afrique Occidentale.

Au XIXe siècle c’est sur le système esclavagiste que reposait toujours l’économie brésilienne. Au Brésil colonial, les Portugais et leurs descendants considéraient le travail manuel comme infamant. C’est pourquoi les Blancs conservaient leur main-d’œuvre dans leurs grandes propriétés, leur vie était quasi féodale.

Le trafic d’esclave n’est officiellement aboli qu’en 1850, car même si l’institution commençait à être remise en question dès le début du XIXe siècle, l’expansion de la culture de café la renforçait, les planteurs ayant trop besoin de bras. Des mesures sont progressivement prises : tout d’abord, la loi décrète que les enfants d’esclaves naissent libres, puis vient la loi du 13 mai 1888, la princesse impériale Dona Isabel, régente, proclame la loi de l’abolition définitive de l’esclavage (la « lei áurea »).
Le document original a disparu lors du grand incendie du Musée national du Brésil à Rio en 2018.
Fernando de Noronha : archipel au large de Natal. Aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, il a vu passer de nombreux scientifiques, dont Charles Darwin, qui y ont étudié ses ressources naturelles et son incroyable faune. Dès sa découverte en 1503, les Portugais vont s’en servir comme base pour le commerce de pernambouc, un bois de valeur, utilisé en teinturerie.
Ce sera aussi un des grands ports par lequel arriveront de nombreux esclaves africains.
Figa : C’est l’une des plus anciennes amulettes contre le mauvais-œil. Elle se présente sous la forme d’une main fermée, le pouce étant placé entre l’index et le majeur.
Fubá : sorte de purée à base de farine de maïs de type polenta.
Funji : bouillie de manioc fermenté présente dans de nombreux plats afro-brésiliens, en accompagnement de la viande.
Funji de bombó: le meilleur funji qui soit.
Ganga Zumba : chef suprême du quilombo dos Palmares. Fils de Aqualtune et oncle de Zumbi par qui il faut renversé en 1678 parce qu’il avait conclu un accord de paix avec le gouverneur du Pernambouc qui impliquait la liberté pour les habitants du Quilombo mais les obligeait à livrer tout esclave en fuite qui rejoignait le Quilombo, ce qui était inacceptable pour Zumbi.
À cette époque , le Quilombo comptait quelque 11 000 âmes.
La Guerre du Paraguay : de 1864 à 1870. Dans un premier temps, le conflit oppose le Paraguay et le Brésil, le Paraguay ayant envahi le Brésil. Dès 1865, l’Argentine et l’Uruguay s’allient au Brésil, raison pour laquelle cette guerre est également appelée la Guerre de la Triple Alliance.

À cette époque, les capoeiristes au Brésil faisaient face à une répression sévère. La capoeira était en effet considérée comme une forme de rébellion sociale et était associée aux esclaves et aux personnes marginalisées. Il était donc interdit de pratiquer la capoeira et quiconque était pris en flagrant délit était emprisonné. Les peines allaient de plusieurs mois à plusieurs années de prison ferme. Des châtiments corporels pouvaient également être appliqués.

Bien que la participation des capoeiristes à la guerre ne soit pas documentée en détail, il est clair qu’ils ont eu un impact significatif sur le conflit.
1. Recrutement et service militaire : pendant la guerre, le Brésil a mobilisé de nombreux hommes pour servir dans les forces armées. Les capoeiristes, souvent des hommes jeunes et en bonne condition physique, ont été recrutés. Leur formation en capoeira, qui incluait des compétences en combat rapproché et en tactique. Les capoeiristes ont ainsi été intégrés dans les rangs de l’armée brésilienne et ont servi dans diverses unités.
2. Compétences au combat : les capoeiristes, avec leur formation en techniques de combat non conventionnelles, ont pu utiliser leurs compétences pour des tâches de combat rapproché. Leur expertise en mouvements agiles et en techniques de défense les a rendus utiles dans les situations de combat rapproché, où des compétences en arts martiaux pouvaient être un atout.
3. Réputation et intégration : la participation des capoeiristes à la guerre a également contribué à changer la perception de la capoeira. Leur engagement dans des rôles militaires a aidé à changer la vision de la capoeira dans le tissu plus large de la société brésilienne et à transformer son image de simple pratique de rébellion à celle de compétence militaire valorisée.

En somme, les capoeiristes ont joué un rôle multifacette pendant la guerre du Paraguay, non seulement en tant que soldats, mais aussi en tant qu’experts en combat rapproché qui ont contribué aux efforts militaires du Brésil.

Leur participation a eu un impact sur la manière dont la capoeira a été perçue et valorisée dans la société brésilienne de l’époque, même s’il a encore fallu de nombreuses années pour que la capoeira soit enfin reconnue comme une expression culturelle légitime (en 1937 par Getúlius Vargas).
Gunga : le berimbau le plus grave, avec la plus grosse calebasse, qui commande la roda et joue le son de base.
Jogo de dentro / jogo de fora : jogo de dentro est un jeu dans lequel les joueurs sont très proches l’un de l’autre et font un jeu bien imbriqué. Jogo de fora, c’est le contraire. On garde ses distances et on peut faire plus d’acrobaties, etc.
Maculelê: danse apparentée à la capoeira qui se pratiquait initialement avec des bâtons. Fortement modifiée et codifiée par Mestre Popó qui a également introduit l’usage des machettes au lieu des bâtons.
Macumba : peut être synonyme de candomblé mais est généralement utilisé dans un sens péjoratif de sorcellerie, magie noire, etc.
Malé : interjection pour marquer l’horreur ou au contraire l’admiration. Un truc de ouf quoi.
Mandinga : les mandingas ou malinkes, originaires des vallées du Sénégal et du Niger, étaient des guerriers conquérants cruels. On les tenait pour des sorciers incorrigibles. La mandinga est donc associée à la magie, à la sorcellerie, etc. Dans la capoeira, c’est tout l’art de faire croire qu’on va faire quelque chose et de faire autre chose ou de se sortir avec panache d’une situation délicate, de sortir d’un côté et d’apparaître de l’autre.
Manjar : dessert de la famille des puddings.
Maré (Mestre) – Antônio Laurindo Das Neves est né le17 septembre 1894 sur l’Île de Maré, Salvador. Il était 5 ans plus jeune que Mestre Pastinha (1889-1981), 1 an plus vieux que Besouro Magangá (1895-1924), et 6 ans plus âgé que Mestre Bimba (1900-1974). C’est un des anciens capoeiristes le plus connu de Bahia. Il disait avoir appris la capoeira tout seul en regardant les autres. Il était extrêmement fort physiquement et gagna beaucoup de combats dans les rodas ce qui lui valut respect et considération.
Medio : berimbau intermédiaire qui joue le son de base avec quelques variations.
Les Nagos ou Yorubas: grand groupe ethnique d’Afrique, surtout présent au Nigeria, mais également au Bénin, au Ghana, au Togo, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Ils ont été emmenés en très grand nombre vers le Brésil comme esclaves. Ils ont très fortement influencé les métisses, et ont conservé leurs mythes et traditions sacrées malgré l’acculturation. Ils étaient surtout présent à Bahia. Ils avaient une mythologie très complexe, les éléments naturels étaient divinisés. Leur influence est déterminante pour le candomblé, les instruments de musique (tambours, agogô, et autres), la cuisine typique de Bahia (Vatapá, acarajé, etc.).
Negro : le noir, en parlant d’une personne, n’est pas péjoratif comme l’est devenu le mot nègre en français. Preto = noir, la couleur. O negro tem a pele preta = le noir a la peau noire.
Navio negreiro : rares sont les navires construits expressément pour la traite. Il s’agit en général d’un navire de commerce banal les deux tiers de son temps, et durant le troisième tiers les esclaves étant une marchandise dite « meuble » considérée comme une autre, il n’y a peu de modifications à effectuer sur ces bateaux. Les conditions de transport étaient épouvantables.

L’eau à bord:
En 1690, l’explorateur Robert Challe le raconte25 :

« …au bout de 2 mois que cette eau est embarquée… elle devient rousse et tellement puante qu’il faut se boucher le nez. Elle reste 9 à 10 jours dans cet état ; après cela, elle s’éclaircit peu à peu, mais en s’éclaircissant elle conserve un goût très fade qui reste 8 ou 6 jours à se dissiper. Elle reste dans sa nouvelle pureté 3 semaines ou 20 jours. Sa rousseur la reprend, mais moins forte que la première fois. Il s’y engendre pour lors des vers gros comme la plus grosse paille vers la racine du blé. Ces vers sont d’un blanc grisâtre, le nez noir et ont de petites queues longues comme les 2/3 de leur corps, et le tout d’un bon travers de doigt. On passe cette eau et le linge les retient. Cela dure environ 8 jours. Ces vers meurent dans l’eau qui devient blanchâtre, à peu près comme du petit-lait. Cette eau se dépure peu à peu, et redevient belle et claire, sans aucune mauvaise odeur ni dégoût que celui d’être remplie de petits vers un peu longs qu’on voit remuer comme des anguilles. Ils sont blancs, extrêmement vifs et si menus et si déliés qu’ils passent à travers tout et ne sont pas retenus par la plus fine mousseline pliés en 8 doubles, c’est-à-dire, 16 lits l’un sur l’autre… Voilà ce que les marins appellent les 3 maladies de l’eau… »
Les orixas sont des divinités de la religion des Yorubas, des intermédiaires entre les croyants et la divinité suprême, laquelle est inaccessible aux suppliques humaines. Les orixas symbolisent les forces naturelles. Ils vivent sur les côtes de l’Afrique. Attirés par les chants et les rythmes des tambours joués en leur honneur, ils se manifestent à travers un médium (mãe-de-santo, pai-de-santo, filha-de-santo, filho-de-santo).

Chaque orixa a ses (propres chants et rythmes de tambour qui les appellent ou annoncent leur présence. Les principaux orixas sont: Oxalá, Xangô, Ogum, Oxóssi, Omolu, Exu, Yemanja, Iansã, Oxum, Anamburucu, Oxumarê, Locô, Ifá et les jumeaux Beji.

Les esclaves devaient se convertir au christianisme et ne pouvaient adorer leurs dieux. Ceux-ci ont donc été assimilés aux Saints chrétiens (ce qu’on appelle le syncrétisme). Yemanja était assimilée à la Vierge Marie.

Informations tirées du Dicionário do Folchlore Brasileiro de Luís da Câmara Cascudo.
Pai de Santo : sorte de prêtre du candomblé. Lors des cérémonies, il entre en transe et c’est à travers lui que l’orixa appelé s’exprime.
Pinho de riga: bois noble et odorant.
Praça Sete: Place du 7 septembre (1822) – Jour de l’indépendance du Brésil. Á Belo Horizonte où vit Grão Mestre Dunga, il y a une célèbre roda de capoeira tous les dimanches matin sur la Praça Sete.
Les quilombos étaient des villages formés par les esclaves en fuite. Le Quilombo dos Palmares fut un des plus grands et des plus célèbres. . Il a été créé vers 1600 et a existé jusqu’en 1695. Il est également appelé Quilombo da serra da barriga, nom de la région où il était situé.
De nos jours, um mémorial a été créé à l’emplacement même de ce quilombo.
Sabiá: grive musicienne. C’est un oiseau connu pour son chant et qui est souvent invoqué dans la poésie populaire et les chants de capoeira. Beaucoup de capoeiristes reçoivent cet apelido, c’est qu’ils chantent bien.

C’est um oiseau qui apprécie le poivre qui était une monnaie utilisée par les indiens. Là où il laisse ses excréments, des poivriers poussent. Il amène donc la richesse.
Santa Maria : aussi connu sous le nom de « apanha laranja no chão, tico-tico » a été créé par Mestre Bimba. À l’origine, il l’appelait « hino da capoeira regional », sans lui associer un style de jeu spécifique. Actuellement, il est lié à un jeu consistant à ramasser avec la bouche un objet placé au centre de la roda.

São Bento (Saint-Benoît) est connu comme conjurant les problèmes corporels et protégeant des agressions physiques.
Il est vénéré et considéré comme le protecteur des capoeiristes.

Mais qui était Saint-Benoît ?
Il est né en Italie, dans la ville de Nursie en 480. Très jeune, il est envoyé à Rome afin d’y étudier la rhétorique et la philosophie. Rapidement déçu par la vie mondaine et superficielle qu’il y découvre, il décide de s’isoler dans une grotte durant trois ans et d’étudier la bible et le christianisme, sur les conseils d’un vieux moine. Au terme de cette expérience, il se joint à d’autres moines et en devient le chef. Mais ses règles étaient si sévères qu’ils finirent par vouloir s’en débarrasser en l’empoisonnant. Alors qu’ils lui tendent une coupe de vin, il la bénit, et à ce même instant, elle se brise, un serpent tombe au sol et s’enfuit. Il décède le 11 juillet 547, à l’âge de 67 ans.

Dans tout le Brésil, il est courant d’invoquer la protection de Saint-Benoît lorsqu’on aperçoit un animal venimeux.

La croix de Saint-Benoît
Elle est rapidement reconnue par l’Église comme étant sacramentale et permet la libération et l’exorcisme.

Elle est à utiliser contre les démons et sert de talisman, de protection contre les maladies, les poisons, les tentations diverses et variées, les dangers et les démons.

La médaille de Saint-Benoît
La médaille a été reconnue bien plus tardivement par l’Élise. D’un côté elle représente Saint-Benoît, de l’autre sa croix. Cette médaille protégerait contre les morsures d’animaux venimeux.

Le rapport avec la capoeira
Comme souvent dans la capoeira, les explications sont multiples et se complètent.

Le syncrétisme
Les esclaves ne pouvaient pas pratiquer leurs religions. En arrivant sur le sol brésilien, ils étaient obligés de se convertir au catholicisme. Ils commencèrent naturellement à pratiquer le syncrétisme, c’est-à-dire qu’ils associèrent leurs orixas avec des saints catholiques afin de pouvoir les vénérer plus… discrètement.

Saint-Benoît étant un saint qui protégeait contre le mal, la trahison, les mauvais esprits, il fut syncrétisé avec Omolu qui commande la santé et les maladies et, à ce titre, est le gardien de la vie. Beaucoup d’esclaves vénéraient donc « Saint-Benoît ».

Dans le rituel de la capoeira, le capoeiriste sollicite une protection avant de rentrer dans la roda.

Le capoeiriste mal intentionné est souvent qualifié de serpent (voir les nombreuses chansons y faisant référence), d’où l’invocation de Saint-Benoît.

L’ordre de Saint-Benoît
L’ordre de Saint-Benoît est arrivé au Brésil en 1584 et des monastères ont été créés à Salvador, Rio de Janeiro et Recife. Cet ordre encourageait la création d’unités familiales entre les esclaves. Ce qui a entraîné une forte augmentation du taux de natalité. De plus, cet ordre leur permettait d’apprendre un métier : charpentier, marin, travail de la pierre, cuisinier, barbier. Les esclaves parvinrent à respecter les règles imposées par l’ordre tout en maintenant leurs croyances et leur culture. Ils pratiquaient également du sport. Le nombre de capoeiristes provenant de ces ordres était considérable dans ces villes. Ils s’en sortaient mieux que la plupart des autres esclaves. Ils faisaient partie des « maltas » et on les admirait beaucoup, on les copiait. La référence à Saint-Benoît est ainsi devenue une marque de prestige. De nombreuses chansons ont été écrites pour leur rendre hommage. (A cobra me morde, Senhor São Bento, etc.)

Mestre Bimba
Mestre Bimba en créant les rythmes de São Bento Pequeno et São Bento Grande savait bien ce qu’il faisait.

Les articles publiés par le professeur Muniz Sodré abordent la face cachée de la personnalité de Mestre Bimba ainsi que sa place dans les mystères du Candomblé. Mestre Bimba était Ogã (c’est-à-dire qu’il aidait aux offices, notamment en jouant du tambour) de l’un des courants les plus nébuleux et les plus méconnus de la religion des orishas : le candomblé du caboclo.

Mestre Bimba a sans nul doute contribué à ancrer encore plus profondément le lien entre São Bento et la capoeira.

Le terreiro est le terrain entouré de maisons où se pratique le candomblé et où vivent les filhos et filhas-de-santos (les personnes qui sont initiées par les pai et mãe-de-santos).
Tocar / jogar / bater : ces trois verbes se traduisent par jouer en français.
Tocar : jouer d’um instrument (tocar berimbau, atabaque, pandeiro, etc.)
Jogar : jouer à um jeu (jogar capoeira)
Bater : jouer le maculelê (bater maculelê – soit jouer le rythme à l’atabaque, soit jouer le maculelê en frappant les bâtons).
Tronco : le pilori, on y attachait l’esclave avant de le fouetter. Ce terme revient souvent dans les chansons de capoeira.
Vadiar a plusieurs sens. Il peut signifier vagabonder mais aussi se divertir, s’amuser (plutôt dans le Nord-Est). Vadiar angola = jouer la capoeira angola Vamos vadiar = allons jouer la capoeira
Viola: un des trois berimbaus utilisés dans la capoeira contemporaine. C’est le plus aigu, sa calebasse est la plus petite et son bois le plus long et le plus lourd. Il ne fait “que” des variations.

Traditionnellement, c’est celui qui est laissé au joueur le moins expérimenté alors qu’en réalité c’est celui qui donne toute sa couleur au rythme.

Lorsque le professeur ou le maître dit « chora viola », il demande que l’on commence à jouer du berimbau.

Attention, lorsqu’il y a trois berimbaus, c’est toujours le gunga qui commence, suivi du medio et enfin de la viola.
Les Yorubas ou Nagos: grand groupe ethnique d’Afrique, surtout présent au Nigeria, mais également au Bénin, au Ghana, au Togo, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire.
Ils ont été emmenés en très grand nombre vers le Brésil comme esclaves. Ils ont très fortement influencé les métisses, et ont conservé leurs mythes et traditions sacrées malgré l’acculturation. Ils étaient surtout présent à Bahia. Ils avaient une mythologie très complexe, les éléments naturels étaient divinisés. Leur influence est déterminante pour le candomblé, les instruments de musique (tambours, agogô, et autres), la cuisine typique de Bahia (Vatapá, acarajé, etc.).
Zumbi dos Palmares : petit-fils d’Aqualtune et neveu de Ganga Zumba. Enfant, il fut capturé par les portugais et élevé par un prêtre. Jeune homme il s’enfuit et revient au Quilombo où il finit par renverser son oncle Ganga Zumba en 1678 car celui-ci avait signé un traité de paix avec les autorités du Pernambouc. Zumbi fut assassiné le 20 novembre 1695 par l’armée portugaise, qui exposa sa tête décapitée sur la place centrale de la ville de Recife. Il est un héros populaire pour la communauté afro-brésilienne, tant au Brésil qu’en Amérique latine en général.

Le 20 novembre est la date choisie pour la journée de la conscience noire (au Brésil notamment).